La constitution d’un pays est un trésor précieux. Elle est la charte fondamentale autour de laquelle une société se constitue. Elle est semblable aux murailles qui protège la cité, l’enceinte source de sécurité et de vie. Tout citoyen d’un pays doit pouvoir se reconnaître dans ce texte fondateur et en être fier. Notre constitution nationale comporte de très nombreuses richesses et aspirations légitimes. La constitution d’un pays s’enracine nécessairement sur une vision de l’homme et de la vie en société. La France se définit comme la patrie des droits de l’homme, en tirant un certain orgueil. Ces droits sont caractérisés par le fait qu’ils sont nécessaires au respect de la personne humaine et découlent de sa dignité particulière.
« La constitution d’un pays est un trésor précieux. Elle est la charte fondamentale autour de laquelle une société se constitue »
Or, on voudrait inscrire le droit à l’avortement dans la constitution de notre pays. Je ne suis pas sûr qu’on mesure la portée symbolique et spirituelle d’un tel acte. Un avortement n’est jamais une bonne chose. C’est toujours un mal qu’on souhaiterai éviter, même lorsqu’on croit en reconnaître la nécessité. Les militants soutenant qu’il existe un droit à avorter essayent par tous les moyens de faire croire que la vie présente dans le sein d’une femme n’est pas une vie humaine. L’expérience de toutes les mères leur affirmera toujours le contraire. Un avortement est toujours la fin provoquée d’une vie humaine, qui plus est, de la vie la plus innocente et la plus fragile, donc celle qui devrait être la plus protégée. Une société qui permet ce geste, voire qui le favorise, porte sa condamnation sur elle-même. D’ailleurs, au moment où on s’inquiète d’un hiver démographique, je suis étonné qu’on ne pointe pas les 230 000 naissances non accueillies alors que la vie de ces enfants à naître est bien réelle.
Inscrire un tel acte dans la constitution reviendrait donc à affirmer que le droit à mettre fin à une vie humaine est un des fondements notre société, que le droit à la vie n’est pas un absolu. C’est, dès lors, et au sens propre, prononcer une malédiction contre cette société construite sur l’injustice la plus grave. C’est exposer notre société à toutes les puissances de mort humaines et spirituelles. Les rois dans le Proche-Orient ancien sacrifiaient leurs nouveaux nés pour les mettre dans les fondations de leur ville. Nous en sommes visiblement arrivés là. Or, nous savons ce que sont devenues ces sociétés : elles n’existent plus.
Doyen de la Faculté de Théologie de l’UCO (Angers), le P. Jean-Baptiste Édart travaille actuellement sur la question de la nature de l’inscription anthropologique de l’action démoniaque, afin de permettre un discernement ajusté, en dialogue avec les sciences humaines (psychologie, psychiatrie, etc.), dans le contexte de la paganisation de la société, qui conduit à un développement de pratiques magiques et à une recrudescence de demandes d’aide auprès de l’Église catholique de la part de personnes en souffrance spirituelle.