Grave crise humanitaire au Soudan du Sud
Plus de 100 000 personnes sont directement menacées au Soudan du Sud par une famine qui pourrait s’étendre à un million d’autres. «On assiste à la dégradation humanitaire la plus rapide au monde», alerte le représentant de l’Unicef pour le Soudan du Sud. L’état de famine a été déclaré le 20 février dernier à Leer et Mayendit, deux comtés situés au nord du Soudan du Sud. Cette crise alimentaire gravissime n’est pas tant le fait de mauvaises récoltes ou d’une sécheresse, que d’une guerre entre deux ethnies qui pourrait mener à un génocide. Un conflit qui complique considérablement le travail des humanitaires sur place.
«Nous sommes face à une urgence humanitaire de Niveau 3, c’est-à-dire que nous sommes face à une brusque détérioration de la situation d’urgence, qui nécessite une mobilisation internationale rapide. C’est un niveau de catastrophe sévère, comparable à la situation au nord du Nigeria, au Yémen et en Syrie. Nous chiffrons nos besoins à 181 millions de dollars pour 2017 et à ce jour, nous n’avons réuni que la moitié de la somme», explique le représentant de l’Unicef qui poursuit : «On assiste à la généralisation des affrontements à l’ensemble du pays. Ils ont commencé en 2013 dans le nord du pays, mais depuis l’été 2016, le conflit s’est propagé dans tout le reste du territoire. Au Sud, les régions de l’Equatoria ne sont plus épargnées. C’est dramatique, car ce sont les plus fertiles du pays. Aujourd’hui, les paysans ont abandonné les champs à cause des combats.»
Le pays compte 1,9 million de déplacés internes auxquels s’ajoutent 1,5 million de personnes qui ont fui le pays pour se réfugier en Ouganda, au Kenya ou en Éthiopie. En tout, ce sont donc 3,4 millions de personnes qui ont été chassées de leurs terres par la guerre, soit plus d’un tiers de la population du pays. C’est la dégradation humanitaire la plus rapide au monde. 200 000 enfants ont été traités pour malnutrition depuis le début de l’année.
Intervenir sur place est très compliqué pour les travailleurs humanitaires. Les hôpitaux et les puits que l’on installe sont pillés, les déplacements humanitaires sont entravés par les checkpoints de bandes armées… Plus de 80 humanitaires ont été tués au Soudan du Sud depuis le début du conflit en 2013, ce qui est le pire bilan pour un pays.
Source : Le Figaro